M. de Tussac et le noyer perdu

À travers quelques unes de nos recherches pour en découvrir toujours plus sur notre cher Noyer Maya, nous somme tombés sur un texte datant de 1808 du naturaliste F. R. de Tussac : Flore des Antilles, ou Histoire générale, botanique, rurale et économique des végétaux indigènes des Antilles, et des exotiques qu’on est parvenu à y naturaliser. Le naturaliste y décrit le Brosimum alicastrum et y vante ses nombreux bienfaits : « il [l’arbre à pain] est cependant précieux, mais bien moins, selon moi, que l’arbre intéressant que je viens de décrire. Cet arbre avoit été connu de Brown, mais il n’en avoit pas assez senti ni fait connoître la grande importance ; il le désigne par le nom générique de Brosimum, mot dérivé du grec, qui signifie bon à manger. » « les Anglois de la Jamaïque le nomment Bread Nuts, qui signifie noix-pain, parce que ce fruit sert de nourriture aux pauvres blancs, lorsque le pain est cher ; il sert aussi de nourriture au nègres quand les vivres sont rares ce qui arrive parfois par des sécheresses de plusieurs mois, qui n’empêchent pas le Brosimum de rapporter beaucoup. J’ai eu l’occasion de manger de ces fruits sur la hatte de M d’Aguilar ; je les ai trouvés très-bons, soit grillées, soit bouillis, et je ne crois les pouvoir mieux comparer qu’à nos chataîgnes d’Europe, qui servent aussi de nourriture aux paysans pendant plusieurs mois de l’année. » « Ce qu’il y a de bien plus important dans cet arbre, c’est qu’après que la récolte des fruits est finie, on coupe les sommités des branches qui sont très-garnies de feuilles, pour servir de nourriture aux boeufs, aux chevaux, aux mulets, aux moutons, et même aux cochons, sans que cela nuise à la récolte des fruits pour l’année suivante. Ce fourrage  est d’autant plus précieux , que cet arbre croît dans des cantons arides où les sécheresses, qui durent plusieurs mois, font périr toute autre espèce de fourrage. Ce précieux végétal, dont l’écorce est pleine d’un suc laiteux, semble pousser avec d’autant plus de vigueur, qu’il fait plus sec et plus chaud.  » De Tussac y indique aussi son intention de l’introduire à Saint-Domingue – l’ancien nom de l’île d’Hispaniola, que se partage aujourd’hui Haïti et la République Dominicaine –, mais de malencontreux événements lui fera perdre toute sa cargaison de plantes vivantes… notre noyer avec… Dommage ! cela aurait été une belle preuve de la présence de l’arbre en Haïti, car en effet il est toujours difficile de dire si le Noyer Maya y existe ou y a existé avant notre programme – sachant que sa présence est avérée dans tout le reste des Antilles. Le texte reste cependant intéressant à lire et il est amusant de se dire que dans un sens nous sommes les héritiers de ce naturaliste passionné.]]>

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